Les séances

Ma position de maître E m'a permis de mettre en place des conditions de travail qui ne sont guère possibles en classe : travail avec un groupe restreint, matériel divers, déplacements nombreux des élèves.

 

Durant ces séances d'aide à dominante pédagogique , j’ai essayé de :

 

Voici le déroulement des séances, je rappelle que le descriptif détaillé se trouve en annexe 2.

  1. Entraînement phonologique

Un enfant qui sait manipuler la réalité sonore de la langue a beaucoup plus de facilité à apprendre à lire. "

Séances 1 et 2 : les enfants devaient prendre conscience que la chaîne parlée se segmente en unités de différentes longueurs : les mots. J’énonce une phrase : les élèves placent devant eux autant de cartons qu’il y a de mots, de plus, ils doivent choisir la taille du carton en fonction de la longueur orale du mot ; cela n’est pas évident : Yasmina et Sarah " matérialisent " la phrase : " le papa de Sophie conduit une locomotive " par 7 cartons et la relisent ainsi : " (le) ( papa) ( deSophie) ( conduit ) ( une) ( loco) ( motive) ". Il a fallu procéder à des substitutions du type : " le papa de Sarah conduit une voiture " pour que les fillettes réussissent l’exercice .

Séance 3 : L’objectif était la prise de conscience des syllabes orales. Les enfants ont rapidement acquis la compétence de segmenter un mot puis une phrase en syllabes.

Séances 4 et 5 : Pendant ces deux séances, nous avons travaillé sur la manipulation des syllabes : les élèves devaient supprimer, renverser, associer des syllabes, d’abord avec des cartes images mais l’activité a beaucoup mieux fonctionné lorsque les enfants représentaient eux-mêmes les syllabes et pouvaient se déplacer ( jeu des " petits cochons "). Il a été très étonnant de constater que Sarah, par exemple, est parvenue très rapidement à effectuer les tâches de manipulation alors que Fiona a éprouvé beaucoup de difficultés : je pense que le fait de se décentrer du sens pour " jouer " avec les syllabes comme avec des objets, de fabriquer des " non-mots ", toutes ces activités l’ont tout d’abord laissée très perplexe . Sarah l’a d’ailleurs beaucoup aidée ( et s’est aidée elle-même en verbalisant ses procédures !)

Séances 6,7, 8 et 9 : Lors de ces quatre séances, nous avons abordé le travail sur le phonème : celui-ci est plus facile à discriminer lorsqu’il est final (la rime) que lorsqu’il est placé au début ou à l’intérieur du mot. Il faut toutefois noter que Sarah et Mimosa confondent certaines voyelles proches comme le [õ] et le [ã] par exemple. La discrimination de la consonne initiale a posé des problèmes que les maîtresses m’avaient signalés à savoir la confusion de consonnes proches : le [p] et le [b] pour Maryline, le [s] et le [j] pour Yasmina, le [t] et le [d] pour Fiona. J’ai utilisé alors les listes de mots du fichier Lexidata.

Séances 10, 11, 12 et 13 : elles ont porté sur le comptage et la manipulation des phonèmes. J’ai pu vérifié, pendant ces activités, ce qui a été expérimenté par A CONTENT (voir dans le chapitre "  métaphonologie "  dans la première partie du mémoire), à savoir les difficultés éprouvées par les enfants à effectuer des tâches de manipulation de phonèmes. Les exercices portaient tout d’abord sur l’épellation des phonèmes d’une syllabe , puis d’un mot : les unités minimales sonores que sont les phonèmes sont très difficiles à discriminer à l’oral parce que très abstraites. Pour ce qui concerne les exercices d’ajout , de suppression, de permutation de phonèmes, ils ont été facilités par des supports appropriés : les cartes-images. Par exemple, à partir de l’image du " trois ", l’enfant devait trouver l’image du " roi " après suppression du premier phonème, à partir de l’image du " chat ", les enfants cherchaient l’image de la " hache " après inversion des deux phonèmes, la référence au dessin a été une aide efficace pour les élèves .

 

B. Ecoute active

Alors que l'entraînement phonologique a été effectué, en majeure partie, sur la langue orale, j'ai introduit, dans cette activité, un support écrit. Nous avons travaillé, d'une part, sur la compréhension orale mais j'ai d'autre part présenté aux enfants un support écrit afin de " faire mieux saisir aux enfants les relations entre l'oral et l'écrit […]sur des unités plus larges que le mot ou la phrase: le paragraphe ou le chapitre; les élèves s'entraînent à se déplacer dans un écrit en s'appuyant sur des indices divers "

L’objectif général de ces dix séances était d’entrer dans un texte long " d‘écrit oralisé " afin que les enfants aient un support de lecture différent du manuel utilisé dans la classe. J’avais choisi un album enregistré sur cassette audio.

La première séance a consisté en un entretien de 20 mn avec le groupe pendant lequel les enfants ont parlé de " l’objet livre " : pour les 4 fillettes le livre sert " à apprendre à lire, à savoir lire ", on trouve des livres " dans les magasins, dans la BCD de l’école et à la Croix Rouge ", à la maison elles ont 2 ou 3 livres et réfléchissent un certain temps pour me citer les titres. Puis je leur ai exposé le projet de travail : " nous écouterons tous les jours un passage du livre raconté sur la cassette puis je vous donnerai les pages écrites du livre que nous agraferons à la fin et, ainsi, vous pourrez garder votre livre ". Les enfants ont apprécié le fait de pouvoir emporter leur propre livre, donc de s’approprier vraiment l’objet écrit. Elles ont proposé de le lire à Jacqueline ( la maîtresse d’adaptation) et également à la maîtresse de la leur classe. Il en a été convenu ainsi, la possibilité de lire à la classe a aussi été envisagée.

Puis nous avons observé l’album, l’illustration de couverture, les noms de l’auteur et de l’illustrateur, le titre (dans lequel elles ont tenté de prendre des indices de lecture),ensuite, elles ont regardé les deux premières illustrations de l’histoire pour essayer d’anticiper la suite. Seule Sarah a pu imaginer quelques événements éventuels, mais les autres enfants avaient très envie d’écouter tout de suite le début de la cassette. Les élèves étaient donc en projet.

Pendant les 9 autres séances mes objectifs étaient les suivants :

Pour cela, je posais une puis deux questions avant l’écoute du texte. Au début, cela a été difficile pour les enfants, à la première écoute, elles ne prenaient que très peu d’indices, il fallait donc une, voire deux écoutes successives .

Nous avons commencé à repérer des indices signifiants au niveau des bruits (bruitage, rires, chuchotements…), des personnages (voix, nombre, sexe…). Puis nous avons fait un travail sur les mots : je leur demandais de repérer le premier et le dernier mot du texte lu, des mots longs de 3 ou 4 syllabes, des mots contenant tel phonème, des mots récurrents. Les élèves réussissaient bien ces activités, aidées par l’entraînement phonologique préalable.

Les enfants devaient entourer dans une liste de mots écrits, dont elles s’étaient approprié l’image, un , puis des mots entendus dans un passage du texte. Cet exercice, assez difficile car il demande à la fois d’écouter et de faire un acte graphique, les a beaucoup motivées tout en leur demandant pas mal d’énergie !

Pour les passages émaillés de dialogues, les enfants jouaient chacune un personnage, elles devaient dire ou lire les paroles en reprenant les intonations de la cassette. Cet exercice nous a permis de travaillé sur les indices typographiques : les tirets, les point d’interrogation, d’exclamation, de suspension…